La Nuit de la Solidarité permet de décompter – a minima – les personnes sans abri rencontrées dans les rues et les espaces publics de Paris. Pour améliorer la compréhension de la précarité, le Samusocial complète ces chiffres par une étude des personnes ayant appelé le 115 le lendemain. Vendredi 27 janvier, de nombreux agents volontaires du Samusocial de Paris sont ainsi venus prêter main forte au Pôle 115. Après une mini formation sur les différents outils à maîtriser et une double écoute, ils se sont attelés à la tâche, téléphone en main. Pour Martin Choutet, co-responsable du pôle Habitat, « Voir le travail des collègues et se mettre à leur place renforce notre volonté de complémentarité. Cette opération s’inscrit dans une belle dynamique collective. » Même son de cloche pour Hamrene, écoutante sociale : « Les autres services comprennent notre métier et notre cœur d’activité. Cela procure de bonnes ondes en interne, et puis on ressent immédiatement de la fluidité sur nos lignes pour les usager.es. »
Tous les postes occupés
Il y a de l’effervescence sur le plateau, comme une promesse de répondre à tous les appels. « Bonjour, pouvez-vous me donnez votre nom de famille et votre date de naissance… Oh, mais ça fait longtemps que vous n’appeliez plus, où étiez-vous passé ? » Le contact est repris. Une coordinatrice passe dans l’allée et s’adresse à une volontaire : « Ah… attendez, je crois qu’il n’y a plus de place disponible sur le plateau. » L’opération 100% décroché est victime de son succès, tous les postes sont occupés !
Yohanna, responsable de Zone Nord à la Coordination des maraudes commence son baptême du feu, avec un premier appel qui donne du baume au cœur : « Une famille m’appelait pour me prévenir qu’elle avait obtenu un logement et me remercier ! » À son tour, Andréa, chargé de mission Santé, raconte son expérience : « Lors de ma double écoute, l’écoutante a fait preuve de résilience, de professionnalisme et d’empathie, réussissant à créer un lien avec une femme victime d’un viol. La dimension psychologique est immense pour ce métier. Pour ma part, passer d’un tableau Excel avec des lignes de chiffres aux lignes du 115 avec des personnes et discuter de vive voix, c’est saisissant. »
Les premiers résultats de cette opération sont encourageants. Amandine Lebugle, responsable d'enquêtes et de l'observation sanitaire et sociale à l’Observatoire du Samusocial de Paris, confirme : « Ce dispositif a permis de passer de 20 000 appels en moyenne par jour à 7 000 appels, en raison de l’absence de réitération puisque nous étions en capacité de répondre. Nous avons pu reprendre contact avec des personnes perdues de vue mais aussi être à l’écoute de primo-accédants. De nombreux usagers ont vu leur appel aboutir sans la moindre attente… ». Les éléments collectés permettront d’enrichir notre compréhension de la précarité. Un bilan positif et sans appel !