En février 2022, le SIAO Paris a lancé une concertation avec les élu.es de chaque arrondissement de Paris et les représentants de la Mission d’urgence sociale (MUS) afin de mettre en œuvre de bonnes pratiques, dans le cadre des évacuations des personnes sans abris de l’espace public.
L’évacuation des sans-abris de l’espace public est un sujet sensible qui mérite l’attention de tous afin d’agir dans les meilleures conditions. C’est un moment qui peut s'avérer douloureux lorsqu'il n'est pas encadré. Il est indispensable d’échanger avec les sans-abris pour les préparer, mais aussi avec les riverains, les commissariats, les mairies… Corinne Taïeb, responsable coordination des maraudes Zone Est (SIAO Paris), explique : « La tente, c’est l’habitation d’une personne sans-abris avec le peu de choses qui lui restent. On ne peut pas la déloger brusquement. L'idée est de fixer un cadre légal et de le respecter. » Prévenir, se concerter, coordonner sont les maitres-mots avant d’intervenir. Et comme le rappelle Corinne Taïeb, « Lors d’une évacuation, il faut avoir des propositions à faire, car une personne sans-abri dans un arrondissement, le restera dans un autre… On aura juste déplacé un problème plutôt que de le résoudre. »
Certains maires d'arrondissement sont sollicités par les riverains concernant l'occupation de l'espace public par les sans-abris. Les mairies font alors parfois appel à la coordination des maraudes pour venir échanger avec les habitants dans les conseils de quartier. Corinne Taïeb détaille : « Les équipes de maraudes sensibilisent les personnes à la rue en leur rappelant qu'il y a 400 sanisettes sur Paris et leur donne une cartographie en leur expliquant où se trouve la plus proche. Nous avons tous à cœur la dignité des personnes. Les sans-abris vivent sur des matelas souillés, au milieu de détritus alimentaires avec des petits rongeurs autour d'eux… Notre mission est aussi de travailler sur une bonne cohabitation, pardonnez-moi du terme, entre riverains et sans-abris. Comment ? En rendant ce lieu de vie digne à la personne qui occupe ce trottoir mais aussi pour que le riverain soit content lorsqu'il se penche à la fenêtre. La propreté de ces espaces publics est une priorité pour nous. » Quand les riverains entendent le travail des équipes de maraudes, ils réalisent alors que ces situations sont encadrées, que personne n'est laissé pour compte et que des solutions sont recherchées en permanence.
Valoriser les bonnes pratiques pour en faire des exemples
Pour redonner de la dignité à ces personnes à la rue mais aussi répondre aux attentes de l’État, de la ville, des mairies d’arrondissements, de la coordination des maraudes et des riverains, il était nécessaire de travailler sur une réflexion commune. Élus de toutes les mairies d’arrondissement, représentants de la Mission d’urgence sociale (MUS) et SIAO Paris ont ainsi décidé de se réunir pour définir un cadre, construire une solution ensemble et mettre en œuvre de bonnes pratiques, avec en toile de fond un objectif partagé : sortir les sans-abris de la rue.
À l’issue de ces différents échanges, menés tout au long de l’année 2021, trois groupes de travail ont vu le jour en février 2022. L’un concerne les modalités et circuits d’informations autour de situations complexes (campements, installations collectives ou individuelles sur l‘espace public ; un autre est dédié à l’harmonisation des procédures liées aux opérations de nettoyage sur ces espaces occupés par les sans-abris ; enfin, le dernier volet s’attache à l’animation du réseau de partenaires de la Veille sociale parisienne. Ces réunions ont pour but de faire un état des lieux de la situation et de valoriser les bonnes pratiques pour en faire des exemples à l’échelle du territoire parisien.
Charlotte Leonetti, responsable Zone Sud de la coordination des maraudes (Siao Paris), confirme l’intérêt de ces véritables moments de partage : « C’est l’occasion de tisser des liens, de construire une relation de confiance et la promesse de marcher main dans la main en 2022. On a vraiment tous besoin les uns et des autres. » L’ensemble de ces acteurs continuera à se réunir tous les trois mois avec des points d'étapes, avant un séminaire annuel présidé par Léa Filoche, adjointe à la maire de Paris, en charge des solidarités, de la lutte contre les inégalités et contre l'exclusion, pour faire une restitution des évolutions proposées. A suivre…