Vous êtes en charge de la coordination des maraudes.
En quoi consistent concrètement vos missions ?
Corinne Taïeb : Notre première mission concerne l’animation territoriale des équipes mobiles. Nous travaillons de manière sectorisée : chaque responsable est en charge d’un périmètre géographique, dont il doit assurer l’animation, en prenant en compte l’ensemble des parties prenantes : les équipes de maraudes bien sûr, mais également les différents partenaires comme les centres d’hébergement ou les mairies, par exemple.
Yohanna Andriamanisa : Nous avons également un volet de coordination opérationnelle et de conseil d’expertise auprès des équipes terrain. Nous aidons les différentes maraudes dans leur organisation, et nous leur servons d’interface avec les pouvoirs publics, notamment pour faire remonter leurs demandes. Aucun lien hiérarchique ici, simplement une aide et un support organisationnel que nous pouvons amener grâce à notre vision globale des actions menées sur l’ensemble du territoire parisien.
Maraude de l'Ordre de Malte
Période hivernale particulièrement rude, Covid-19…
ce contexte exceptionnel a-t-il entraîné l’apparition d’un nouveau profil de personnes à la rue ?
De nouvelles problématiques auxquelles vous êtes confrontés ?
Yohanna Andriamanisa : Les gens qui étaient déjà à la rue avant cette crise le sont toujours, mais malheureusement, nous constatons l’arrivée d’un nouveau public, avec des profils que nous n’avions pas l’habitude de voir dehors : travailleurs pauvres, étudiants, etc. Il va falloir prendre en considération ces changements, et proposer un suivi adapté à ces personnes.
Corinne Taïeb : Pour les personnes à la rue depuis longtemps, nous avons aussi le problème de la dégradation de leur état. Avec la crise sanitaire, les systèmes de soin sont sous tension. La mise en place des plans blancs lors des confinements successifs a entrainé des sorties des lieux de soins vers la rue, afin de libérer de la place pour les cas Covid. Le souci est que l’on manque de structures spécialisées et de places d’hébergement en aval de ces sorties, ce qui est problématique car souvent, l’hospitalisation est une première étape pour la sortie de rue des personnes les plus isolées.
Maraude de la Croix-Rouge
Pour votre équipe, quels vont être les principaux défis à surmonter dans les semaines à venir ?
Yohanna Andriamanisa : Je pense qu’il y en a deux majeurs : premièrement, communiquer encore plus avec les différentes équipes de maraudes, pour avoir une veille opérationnelle efficace sur tout Paris, et pouvoir identifier les publics les plus vulnérables. Deuxièmement, mieux cibler des profils qui pourraient demander rapidement une sortie de rue et accepter l’aide proposée, ainsi que faire émerger la demande chez les autres.
Corinne Taïeb : La crise sanitaire est toujours là. Il faut donc maintenir la dynamique d’équipe que nous entretenons depuis le 1er confinement, en continuant à faire vivre le dévouement extraordinaire dont font preuve toutes les équipes de maraudes depuis plus d’un an maintenant, et notamment les bénévoles de l’Ordre de Malte, de la Croix-Rouge, et de la Protection Civile, sans qui rien de tout cela ne serait possible !
Maraude de la Protection Civile